Quand en 2017 la décision est prise de fermer l’Opéra Grand Avignon pour travaux, le coup est rude pour les artistes, les équipes et les spectateurs. Mais c’est absolument nécessaire : le bâtiment accuse le poids des ans et son état de délabrement le rend dangereux. Sous-dimensionné dès sa conception, son inscription aux bâtiments historiques interdit par ailleurs toute extension de son volume.

S’ouvre alors un chantier complexe qui durera trois ans : l’Opéra Grand Avignon est une zone exiguë, et son implantation dans l’hypercentre rend l’accès particulièrement difficile. S’ajoute un défi de taille : il faut en effet organiser trois saisons complètes pendant les travaux, et donc déménager toutes les équipes dans des conditions qui leur permettent de produire des spectacles.

Pour y parvenir, les bâtiment annexes à l’arrière de l’opéra sont utilisés. La transformation des locaux des Ateliers de Courtine permet la création d’ateliers et de lieux de stockage pour les décors et costumes, de salles de répétitions pour les chœurs, l’orchestre et le corps de ballet. Pour jouer le programme des trois saisons, une salle éphémère voit le jour face à la gare TGV d’Avignon, qui prend le nom d’Opéra Confluence.

Sur le chantier de rénovation, une campagne minutieuse de sondage de la structure du bâtiment deux fois centenaire est menée. Elle permet de dessiner précisément les contours des interventions à venir. Rapidement, le chantier donne aux lieux des airs de dévastation : la salle est vidée de ses fauteuils, les moquettes sont arrachées, le curage complet du bâtiment est lancé, avec une phase importante de désamiantage et déplombage.

L’ouverture de l’accès au décor et la réfection des bureaux administratifs nécessitent une ouverture béante de la façade ainsi que la suppression de six étages et de la cage escalier. Ce travail de démolition très délicat est effectué avec une grignoteuse, un engin qui s’apparente à un coupe-ongle géant, qui peut exercer une force de 6 tonnes ! Le moindre coup de marteau piqueur ou de pelleteuse mécanique peut avoir des répercussions, et chaque fissure est inspectée avec attention. Une fois vidé, et la toiture déposée, ce volume qui culmine à plus de plus de 20 m de haut, doit être étayé pour résister aux assauts du mistral.

Une nouvelle cage d’escalier est construite en béton vibré d’un seul tenant pour servir de colonne vertébrale à tout l’édifice. Les systèmes de traitement de l’air de chauffage et de climatisation entrent au chausse-pied dans le nouvel espace. Le nouveau câblage électrique déploie plus de cent kilomètres de fils dans tout le bâtiment. Pour finir, les planchers sont renforcés avec des poutrelles métalliques, la structure cerclée, les pierres de la façade ragréées, les sept toits totalement refaits.

Après trois ans de travaux, l’Opéra Grand Avignon renaît. L’accessibilité du bâtiment est réorganisée au grand bénéfice de tous : public, artistes, techniciens. L’outil scénographique est entièrement renouvelé, la recomposition de la salle améliore la visibilité et le confort des sièges, la qualité acoustique est renforcée. Le vieil édifice est métamorphosé en un spectaculaire lieu d’expression artistique et de partage. Généreux, il offre à tous les amateurs de spectacle vivant sa jeunesse retrouvée.